Chatgpt correcteur d’articles ? Les secrétaires de rédaction du groupe ebra sont partagés
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L'expérimentation de ChatGPT auprès de secrétaires de rédaction concerne trois titres du groupe Ebra : « _L’Est Républicain »_, « _Le Républicain Lorrain » _et « _Vosges Matin ». _ ©
Illustration : Guillaume Long Le groupe Ebra, acteur majeur de la presse locale française, expérimente depuis fin 2023 l’usage de ChatGPT pour aider ses secrétaires de rédaction à relire les
articles des correspondants locaux. Une initiative inédite en France, qui suscite à la fois curiosité, scepticisme et vigilance. Xavier Eutrope Publié le 23 mai 2025 Nathalie Deynoux,
Laure*, et René* sont secrétaires de rédaction (SR) depuis quelques années déjà. Des détails dans le récit de leur vie professionnelle trahissent leur ancienneté : Laure se rappelle les
photographes revenir de reportage avec des pellicules à développer ; au début de sa carrière, les collègues sténographes de Nathalie Deynoux tapent encore des articles dictés au téléphone ;
René rate de très peu l’impression du journal au plomb. Les tâches de Nathalie Deynoux, Laure et René, au quotidien : vérifier les informations, corriger fautes de frappe et erreurs de
syntaxe, reformuler phrases trop longues ou confuses, trouver titres et chapôs. Entre autres. Salariés du groupe Ebra — propriété du Crédit Mutuel, 3 500 salariés dont 1 400 journalistes,
neuf titres dont_ Le Dauphiné libéré, Dernières Nouvelles d’Alsace_, _L’Est Républicain_, 23 départements couverts dans l’est de la France —, ils utilisent ChatGPT comme une partie de leurs
collègues SR pour remplir certaines de leurs missions. LA COPIE DE CORRESPONDANTS Le chatbot, lancé par Open AI, marque l’irruption de l’intelligence artificielle générative dans les usages
grand public. Ses potentialités fascinent autant qu’elles questionnent. Au sein du groupe Ebra, les réflexions commencent à la mi-juin 2023. « _Il n’était pas possible de ne pas s’y
intéresser_, explique Sébastien Georges, chargé des sujets IA au sein du groupe. _Lorsqu’une nouvelle technologie arrive, il faut se pencher sur ses effets._ » Octobre 2023 :_ L’Est
Républicain_ présente son projet. Une expérimentation durant laquelle les secrétaires de rédaction utilisent ChatGPT pour corriger les « _copies_ » des correspondants locaux. Des hommes et
femmes indispensables à la couverture de la vie locale des villages et des petites villes, du conseil municipal au tournoi de bridge, en passant par les obsèques et le match de foot des
équipes du coin. Mais pas des journalistes professionnels. Nathalie Deynoux, employée par _L’Est Républicain_ — par ailleurs secrétaire L’EstMedia CGT de la CSSCT et élue suppléante au CSE
de l’unité économique et sociale _Est Républicain_/_Vosges Matin_ —, estime que relire ces articles représente 70 % de son activité. UNE PREMIÈRE EN FRANCE Utiliser une IA générative dans le
cadre de l’édition d’articles constitue alors une première en France. L’initiative intrigue. Elle inquiète, aussi. Éric Barbier, journaliste à _L’Est Républicain_,_ _membre du bureau
national du Syndicat national des journalistes (SNJ), s’en explique au micro de France Inter — le sujet fait l’ouverture du journal de 13 heures du mercredi 25 octobre 2023 : « _Quelque
part, on fait entrer le loup dans la bergerie. […] À terme, c’est […] un outil qui potentiellement est destructeur d’emploi._ » Les syndicats obtiennent de retarder le début des tests : ils
commencent finalement le 22 novembre, sur la base du volontariat, pour une durée de trois mois, avec les copies venues de l’agence de Lunéville (Meurthe-et-Moselle) comme matière première.
Dix-huit mois plus tard, après publication d’un rapport d’expertise, une petite pause et un bilan, l’expérimentation est étendue à trois titres du groupe : _L’Est Républicain_, toujours,
mais aussi _Le Républicain Lorrain _et _Vosges Matin_. Le groupe refuse de communiquer sur le nombre de personnes concernées dans les rédactions de ses titres. Mais selon nos informations,
au moins une cinquantaine de personnes pourraient l’être à ce jour. La demi-douzaine de secrétaires de rédaction contactée offre un éventail de ressentis. Leila Jmouhi, la trentaine,
journaliste entrée à _L’Est Républicain _en 2018, craignait d’abord qu’on leur_ _« _impose de travailler avec ChatGPT, que l’expérimentation recouvre un projet caché de suppression
d’emplois_ », avec les éventuels gains de productivité comme justification. Sa représentation d’alors de l’IA, « _peu claire_ » de son propre aveu, évolue au fil des mois. « _L’IA, c’est
l’avenir, _estime-t-elle aujourd’hui. _Autant que les journalistes s’emparent de ces outils pour en définir les règles eux-mêmes ;_ _il faut se les approprier avant de se faire dépasser._ »
Aujourd’hui, elle envoie 90 % de ses copies de correspondants sur ChatGPT. Parfois, pour trouver un titre ou reformuler un passage, elle « brainstorme _avec ChatGPT : il va me faire des
suggestions, je rebondis dessus… Pratique lorsque l’on est en panne._ » Laure passe, elle, entre 60 et 70 % de ses articles chaque jour dans la machine. Son état d’esprit rejoint celui de
Leila : « _Autant participer à la chose et essayer de la faire évoluer dans le bon sens plutôt que de subir._ » Elle « _essuie les plâtres_ » dans un premier temps, dit-elle, « _car l’outil
n’était vraiment pas génial, il fallait corriger beaucoup de choses, intensivement._ » Laure découvre alors l’intelligence artificielle générative et, comme beaucoup de ses collègues, doit
apprendre à faire des prompts — les instructions données à l’outil — sur le tas. Fastidieux. UN PROMPT SPÉCIALISÉ EN NÉCROLOGIES L’introduction des prompts spécialisés — mis en place par
deux salariées de _L’Est Républicain_ courant 2024, une rédactrice en chef adjointe, SR de formation, et la responsable du service support — marque un tournant pour elle. Un premier permet
la correction « neutre » des papiers, sans réécriture ; un autre réécrit les articles de A à Z si besoin ; un troisième gère les nécrologies ; un autre encore se charge des titres pour les
papiers web ; un dernier des conseils municipaux. Chacun embarque une documentation : charte typographique et couverture éditoriale, pour avoir le nom des communes et le référentiel de
féminisation des noms. Les équipes de SR des trois titres travaillent sur le même compte ChatGPT, utilisent les mêmes prompts. Seules les deux salariées dédiées de _L’Est Républicain_
peuvent les modifier. Elles veillent par ailleurs aux effets des mises à jour de l’outil — OpenAI, la maison mère de ChatGPT, met régulièrement à jour son code. Des baisses de performances
ou de nouvelles failles peuvent alors apparaître. Un témoignage fait état d’une baisse de la qualité des titres web proposés par le prompt dédié, avec un impact moindre et un ton moins
journalistique. Les remontées d’information sont encouragées en interne pour rectifier ces changements. UN TON DE COMMUNICANT Laure et la plupart des SR interrogés s’accordent sur un point :
ChatGPT accomplit des prouesses sur les très mauvais articles envoyés par les correspondantes et correspondants. « _ChatGPT fait en quinze secondes ce que je ferais en une heure_ », estime
la journaliste. Elle assure cependant ne pas passer la production des bons correspondants dans ChatGPT — d’autant que certains d’entre eux font la demande expresse de ne pas être corrigés
par l’outil. Valentine* demande des idées de titres et de chapô au chatbot, voire d’accroche (« _les correspondants n’en font souvent pas_ »), mais elle ne souhaite pas y recourir si le
papier contient de l’humour ou des traits d’esprit. « _Ce serait dommage de perdre ça_ », confie-t-elle. Car ChatGPT tend à uniformiser le ton et le style des articles. « _Si l’on met dans
le journal cinq articles passés par l’IA, les pages vont se ressembler, ce sera assez uniforme, très monotone_ », avance Laure. Le chatbot peut ainsi adopter un ton de communicant : « _À le
lire, un bal des pompiers devient l’événement de l’année dans la région_ », relève une secrétaire de rédaction, un brin ironique. > « C’est mon assistant, je l’aime bien, mais je le >
surveille » Du reste, la plupart des personnes interrogées pointent les mêmes problèmes récurrents : l’outil ne connaît pas les gentilés des zones couvertes par les titres du groupe Ebra ;
il persiste à vouloir donner des significations, souvent fantasques, aux acronymes ; et surtout, il adopte un ton très définitif en toutes circonstances. Quitte à commettre des erreurs
grossières. « _C’est mon assistant, je l’aime bien, mais je le surveille_ », blague Francis*, lui aussi secrétaire de rédaction. Selon lui, la technologie donne de bons résultats, il la
trouve même « _surprenante_ » mais reste « _parfois un peu réservé. Par ailleurs, elle ne peut pas se débrouiller seule à 100 %._ » Comme lorsque certaines informations manquent à un article
peu clair : « _À ce moment-là, j’appelle le correspondant pour lui demander des éclaircissements, et ça, l’IA ne peut pas le faire._ » GAIN DE TEMPS « MARGINAL » Valentine fait les comptes
: entre les aspects positifs apportés par ChatGPT et les à-côtés négatifs — nécessité d’une vigilance accrue et de vérifications — elle estime le gain de temps à une demi-heure par jour. «
_Marginal_, estime-t-elle, _mais cela apporte un confort de travail certain_ », et un « _allègement de la charge mentale_ _pour les plus mauvaises copies_ ». Un constat partagé par au moins
une autre personne interrogée. Au contraire, Nathalie Deynoux estime perdre du temps à passer un texte dans ChatGPT. « _Dans mon cadre d’utilisation, étant donné mon expérience, c’est
redondant,_ explique-t-elle,_ mais cela permet peut-être à certains de mes collègues de se rassurer. L’outil exécute rapidement des tâches que l’on veut boucler_. » Plusieurs témoignages
font état d’une « _entrée dans les mœurs_ » de ChatGPT et ses usages dans le groupe. À tel point que « c_ertains jours, quand l’outil ne marche pas, il faut retourner aux méthodes
classiques_, décrit Julien Bénéteau, responsable du secrétariat de rédaction de _L’Est Républicain _et élu suppléant CFDT au CSE du journal. _Cela peut représenter un agacement pour
certaines personnes._ » UN PANSEMENT SUR UNE JAMBE DE BOIS ? Le recrutement de secrétaires de rédaction représente une difficulté notoire : peu de nouveaux entrants sur le marché souhaitent
occuper ces postes, jugés peu glamours, trop loin du terrain. Certaines et certains évoquent des effectifs inadaptés à des charges de travail jugées trop importantes. À les écouter, sur ce
point, ChatGPT serait une sorte de pansement sur une jambe de bois. Parmi les personnes interrogées, aucune ne craint une disparition de son métier, du moins à court terme. Mais toutes
observent des transformations dans leurs techniques de travail, leur organisation, leurs réflexes. Les plus pessimistes craignent une « _standardisation_ » de l’emploi, et un cheminement
vers une « _désintellectualisation_ » du travail : des tâches à la chaîne, sans réflexion, une succession de copier-coller. > « _L’objectif n’est pas de remplacer les journalistes_ » Éric
Barbier, pour sa part, n’envisage pas de dénouement positif pour les SR. Il prend exemple sur l’industrie automobile : « _Chez Stellantis à Sochaux, ils étaient 27 000 il y a quarante ans.
Aujourd’hui, péniblement 6 000 ou 7 000_, évoque-t-il. _Entre-temps, les chaînes automatisées sont apparues_. » Car c’est de cela qu’il s’agit, pour Éric Barbier : d’une automatisation des
tâches, jusqu’à une suppression des métiers devenus inutiles. « _L’objectif n’est pas de remplacer les journalistes_ », se défend Sébastien Georges, qui précise d’ailleurs comprendre les
inquiétudes des salariés. Et d’ajouter que selon lui, « _le journalisme réussit toujours à s’adapter à de nouvelles technologies_. » Pas encore de date de fin connue de l’expérimentation à
_L’Est Républicain_, _Le Républicain Lorrain _et _Vosges Matin_. « _ChatGPT n’est pas une solution cible car elle n'est pas intégrée directement dans l’un des outils du groupe Ebra_,
précise Sébastien Georges. _Le futur outil intégrera nos logiciels déjà existants_. » À terme, Ebra devrait ainsi se tourner vers une solution développée en interne, par la direction des
systèmes d’information. *à leur demande, nous avons changé le prénom des témoins et gommé les détails permettant de les reconnaître
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