Une page de l’histoire sensible de l’allemagne entre au musée

La-croix

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Il aura fallu seize années pour que le centre de documentation sur la fuite, la déportation et la réconciliation voie le jour. Installé au cœur de Berlin, à proximité d’un autre centre de


documentation, sur la terreur nazie, ce lieu a été inauguré lundi 21 juin par Angela Merkel. _« Avec ce centre, un vide dans notre travail de mémoire historique se referme »_, a commenté la


chancelière qui a soutenu le projet depuis le départ. Le lieu, entre musée et centre de recherche, fait la part belle à une page de l’histoire longtemps négligée, à savoir le sort de 14 


millions d’Allemands contraints de quitter leurs villes et villages dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale et dans les années qui suivirent la défaite. UN PROJET FÉDÉRAL ET FÉDÉRATEUR


Depuis la loi mémorielle de 1953, des organisations avaient jusque-là bien reçu des millions de Deutsche Marks, puis d’euros, pour entretenir le souvenir des territoires perdus à travers la


création de musées, le financement de manifestations culturelles ou de publications, la restauration de _« monuments allemands »_ en Europe de l’Est… Mais cette mémoire cultivée par des


leaders dont certains avaient été très proches du régime national-socialiste dérange. Jamais cette page d’histoire n’avait fait l’objet d’un lieu de mémoire financé par l’État fédéral. Ce


lieu met en lumière les Allemands des Sudètes (aujourd’hui République tchèque) et de Silésie (aujourd’hui Pologne et République tchèque), les populations installées en Europe de l’Est et qui


ont fui face à l’avancée de l’Armée rouge, les expulsions dans les zones sous contrôle des forces alliées, et toutes ces trajectoires marquées par l’après-guerre. _« C’est une réalité


encombrante et politiquement désagréable qui n’a pas eu de place dans notre mémoire collective »_, reconnaît Monika Grütters, ministre fédérale de la culture. _« Les souffrances de ces gens


sont en lien étroit avec la barbarie nazie et contredisent les cadres reconnus jusque-là de notre mémoire collective. Pendant des années, ce souvenir a été amer et polémique »_,


résume-t-elle. INNOMBRABLES CRITIQUES Dédier un lieu à la souffrance de ces Allemands a en effet soulevé d’innombrables critiques. Si l’idée prend forme en 2005, les pays occupés par les


troupes nazies, Pologne et Ukraine en tête, ont longtemps reproché à Berlin de vouloir mettre sur un même pied d’égalité la souffrance de ces Allemands et celle de leurs propres populations.


La crainte que les crimes de la Shoah et ses six millions de morts ne soient relativisés a aussi longtemps plombé les débats, de même que la personnalité d’Erika Steinbach, initiatrice du


projet. → À LIRE. Le 8 mai, bientôt jour chômé en Allemagne ? Critiquée pour ses visions nationalistes, elle quitte le parti chrétien-démocrate pour soutenir le parti d’extrême droite,


Alternative pour l’Allemagne (AfD), et démissionne de la fondation en 2016. Le sort des Allemands expulsés ou bombardés à la fin de la guerre reste un thème souvent instrumentalisé par


l’extrême droite outre-Rhin. EN LIEN AVEC L’HISTOIRE ET LES MIGRATIONS Lors de la cérémonie d’inauguration, lundi 21 juin, Angela Merkel a répondu à ces polémiques. _« Sans la terreur


apportée par l’Allemagne sous le national-socialisme sur l’Europe et le monde, sans la rupture civilisationnelle de la Shoah commise par l’Allemagne sous le national-socialisme et sans la


Seconde Guerre mondiale déclenchée par l’Allemagne, des millions d’Allemands n’auraient pas été contraints de fuir, de subir un déplacement et une réinstallation forcée »,_ a-t-elle rappelé.


_« Il est d’une importance cruciale que l’histoire des expulsions des Allemands soit ancrée dans son contexte historique. »_ Ce centre de documentation rappelle aussi les difficultés que


vécurent les Allemands expulsés, à leur arrivée dans un pays divisé, entre le silence imposé par le régime communiste de la RDA et les difficultés d’intégration en République fédérale. Plus


largement, il replace cette histoire dans un contexte européen et fait le lien avec d’autres migrations contraintes, comme celle des boat people dans les années 1970 et la fuite de centaines


de milliers de Syriens ces dernières années. _« Un tiers de la population allemande a un lien avec cette histoire de migration forcée »,_ rappelle Gundula Bavendamm, directrice de la


fondation. _« Peut-être que ce lieu créera un nouveau dialogue au sein des familles et participera à la réconciliation »_, espère-t-elle. ---------------------------- UN TRAUMATISME NATIONAL


Les Allemands victimes de _Flucht und Vertreibung_ (« fuite et expulsion ») après la guerre représentent entre 11,5 millions et 14 millions de personnes. Après la défaite allemande en 1945,


la Pologne voit sa frontière se déplacer de 200 km vers l’ouest, sur les terres perdues du IIIe Reich. Le chaos et la violence prévalent. En 1950, un habitant sur quatre de l’Allemagne de


l’Est (RDA), soit 4,347 millions d’individus, est un « expulsé » de l’Est. Le terme de « réfugié » est proscrit. On parle de « déplacé » (_Umsiedler_). Arrivés dans la vallée de la Volga au


XVIIIe siècle, les Allemands de Russie seront massivement déportés par Staline, avant de rejoindre l’Allemagne dans les années 1970.


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