Entre retailleau et philippe, le duel de la droite a commencé

Le ministre de l’Intérieur pourra aussi compter sur un regain de vitalité de son parti, tombé en désuétude après la présidentielle de 2022. Son nombre d’adhérents a triplé depuis janvier,

pour atteindre officiellement 122 264 personnes au moment du Congrès. Tous ont acquitté une adhésion de 30 euros pour une personne seule et 40 euros pour un couple. Un joli pactole pour

mener une campagne. Dans le même temps, Edouard Philippe, 54 ans, affine son programme économique, qu’il compte présenter à partir d’avril 2026. Il a demandé à son ancien conseiller aux

affaires sociales à Matignon, l’avocat Franck Morel, de plancher sur un projet de retraite par capitalisation. Une idée explosive qui renforce l’ADN libéral de celui qui est à la tête d’un

parti fort de 600 élus locaux dont les très médiatiques Christelle Morançais et David Lisnard. Et le patron d’Horizons ne compte pas laisser à son rival de LR le monopole de la sécurité. Il

a ainsi donné une tonalité très régalienne au discours de son meeting de Marseille du 17 mai, en plein congrès LR, en assénant que la France souffre d’_« une forme d’ensauvagement »_. _« Une

partie de la violence qui s’exprime dans notre société est liée à l’immigration »,_ a-t-il ajouté. Mais Bruno Retailleau peut lui aussi challenger son rival sur son terrain. Celui qui fut

repéré par Philippe de Villiers, alors qu’il était cavalier au Puy du Fou, est solide sur les sujets économiques. Lorsqu’il était sénateur de Vendée, il avait beaucoup planché sur les PME et

les tissus industriels locaux. Mais il doit composer avec un risque non négligeable : son poste de ministre, qui a fait sa popularité, pourrait se retourner contre lui : _« Un décalage

risque de se créer entre sa parole et ses actes s’il ne délivre pas de résultats probants, notamment sur le narcotrafic_, décrypte Frédéric Dabi. _Il devra imprimer sa marque, en sachant que

personne ne se réclamera d’un gouvernement d’Emmanuel Macron en 2027 »_. A ce niveau, Edouard Philippe aura au moins l’avantage d’avoir quitté l’exécutif sept ans auparavant.