Le souci d’épargner, notamment des plus jeunes, est en train de transformer le marché bancaire

[AVIS D'EXPERT] Le besoin d'épargner, et ce dès le début de sa vie professionnelle, en vue de sa retraite, bouleverse le rapport des clients aux établissements bancaires. Il y a un

peu moins d’un an, nous signalions dans ces colonnes un phénomène nouveau en France: même les plus jeunes épargnent désormais pour leur retraite. Cette perspective, soulignions-nous

également, remet l’épargne au cœur des activités bancaires, alors que celle-ci avait plutôt eu tendance à être négligée au cours de plus d’une décennie de taux d’intérêt très faibles – quand

l’épargne ne rapportait quasiment rien. L’effort d’épargne-retraite était alors étonnant, puisque né pratiquement de rien, quelques années plus tôt, il concernait déjà plus d’un tiers (37%)

des 18-24 ans et près de la moitié (46%) des 25-34 ans. Un an plus tard, ces mêmes taux sont devenus impressionnants. PLUS DE 60% DES 25-34 ANS ÉPARGNENT DÉJÀ POUR LEUR RETRAITE Selon le

Baromètre Assurances de BPCE L’Observatoire, en effet, alors que 78% des Français se disent aujourd’hui inquiets pour leur retraite et que 46% épargnent ainsi dans cette perspective, cela

concerne 42% des 18-24 ans et 62% des 25-34 ans soit, dans ce dernier cas, 16 points de plus en un an! A un tel niveau, ces chiffres sont trop importants pour ne pas avoir de conséquences

sur les comportements financiers dans leur ensemble. Sachant que, bien entendu, les Français voudraient une épargne tout à la fois protégée, sûre (51%) et rentable: 53% se déclarent

désormais favorable à une épargne par capitalisation, sous une forme hybride (42%) ou exclusive (11%). L’envie, chez les plus jeunes, de bénéficier des évolutions boursières et l’attrait

pour certains comportements spéculatifs, patents depuis plusieurs années, sont ainsi confirmés. Les Experts : Retraites, pour une dose de capitalisation ? - 05/05 DES JEUNES QUI SE TOURNENT

DE MOINS EN MOINS VERS LES BANQUES TRADITIONNELLES Autant dire qu’un accompagnement personnalisé de conseil s’impose, pour lequel les jeunes se tournent de moins en moins vers les

établissements bancaires traditionnels. C’est en effet le principal effet que ce souci nouveau d’épargne provoque par rapport aux établissements classiques, qui à ce stade n’ont guère su

l’anticiper, ni ne se sont particulièrement mis en peine d’y répondre. Cet effet, le cabinet de conseil Bain & Company le dévoile dans son dernier Retail Banking Survey 2025 le concept

de "banque principale", pilier historique du modèle économique des banques traditionnelles, perd progressivement de sa pertinence. Entre 2021 et 2025, la part des produits détenus

auprès de sa banque principale a reculé de 11 points, passant de 78 à 67%. Ce phénomène, désormais observable sur l’ensemble des segments de clientèle, est particulièrement prononcé chez les

jeunes actifs aisés_._ Au point que si cette tendance se poursuit, les banques historiques pourraient perdre, selon Bain, jusqu’à 25% de leur produit net bancaire d’ici 2030. C’est,

explique le cabinet, que les banques traditionnelles voient leur domination remise en question sur les produits d’épargne et d’investissement. En l’espace de quatre ans, la pénétration des

fintechs et néobanques sur les produits d’épargne a été multipliée par huit. Par ailleurs, 65% des clients sont désormais prêts à adopter un modèle sans conseiller "attitré", sous

réserve d’un accès rapide à l’expertise. Ici encore, les évolutions sont rapides et marquées. Si 87% des Français ont encore leur compte courant dans leur banque principale (ce qui n’en

représente pas moins une baisse de 10% depuis 4 ans), 40% gèrent désormais leur assurance-vie ou leurs placements boursiers dans un autre établissement. Il faut le redire: ces évolutions ont

lieu dans un contexte général d’inquiétude et d’insécurité. De sorte qu’elles appellent des réponses en termes de bien-être financier. Une approche spécifique de la clientèle qu’à la

différence d’autres pays, cependant, les banques françaises dédaignent ou ignorent depuis son apparition il y a quelques années. Guillaume Almeras, fondateur du site de veille et de conseils

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