Un "dôme d'or" pour l'europe? L'otan va demander aux pays européens de multiplier par cinq les capacités de défense sol-air

L'Alliance plaide pour l'augmentation des moyens de défense sol-air sur le sol européen, pour faire face à la menace représentée par la Russie à l'est du continent. C'est

une nouvelle étape pour le réarmement européen. Selon l'Otan, les moyens de défense aérienne du continent doivent être multipliés par cinq, révèle Bloomberg. C'est en substance ce

qui sera discuté en réunion des ministres de la défense de l'Alliance, qui se réuniront à Bruxelles ce jeudi, indique l'agence de presse. Citant des sources anonymes, Bloomberg

précise que cet effort serait réalisé au niveau collectif et qu'aucun calendrier n'est pour l'instant disponible. CONTRER LA MENACE RUSSE Les enjeux liés à la défense sol-air

sont revenus sur le devant de la scène depuis la guerre en Ukraine et les craintes grandissantes des pays européens face à la menace russe – en particulier aérienne. Alors que Donald Trump

veut lancer un programme de bouclier antimissile baptisé "Dôme d'or", une source anonyme évoque "un besoin urgent" de renforcer le nombre des équipements dédiés à la

défense anti-aérienne en Europe, pour contrer les menaces liées aux potentielles attaques de drones, de missiles ou d'aéronefs. La fin de la Guerre froide et l'engagement dans des

conflits plutôt situés en Afrique ou au Moyen-Orient avaient occasionné une baisse des moyens dédiés sur le continent européen. La réunion des ministres de la défense qui se tiendra cette

semaine à Bruxelles est un prélude au sommet de l'Otan, qui réunira les dirigeants des pays de l'Alliance à La Haye les 24 et 25 juin prochains. AUGMENTER LES DÉPENSES ET LES

ÉQUIPEMENTS Cette décision s'inscrit dans la lignée de l'augmentation des dépenses militaires des pays de l'Otan – une mesure réclamée par Donald Trump, qui souhaite que les

pays membres augmentent leurs dépenses de défense pour atteindre 5% du PIB – au lieu de 2% actuellement. Une mesure jugée très ambitieuse au regard de la situation financière et économique

globale: 22 pays sur 32 ont atteint le seuil des 2% en 2024. Les discussions devraient donc porter sur une répartition des efforts, de l'ordre de 3,5% pour les dépenses strictement

liées à la défense et 1,5% pour les dépenses annexes, liées aux infrastructures ou encore à la cybersécurité. Un effort de réarmement nécessaire, selon le secrétaire général de l'Otan

Mark Rutte, qui a déclaré lundi lors d'une réunion à Vilnius en Estonie : "les Alliés doivent dépenser beaucoup, beaucoup, beaucoup plus que ce que nous faisons actuellement".

UN COUP DE BOOST POUR L'EUROPEAN SKY SHIELD INITIATIVE ? Au menu des discussions figurera notamment l'initiative lancée par l'ex-chancelier allemand Olaf Scholz en 2022:

l'European sky shield initiative (ESSI). Celle-ci doit renforcer les défenses antimissiles européennes par l'acquisition commune de systèmes de défense à courte, moyenne et longue

portée. Un système calqué sur le fonctionnement de l'Iron Dome israélien, qui ferait cependant la part belle aux équipements non-produits en Europe. À l'heure actuelle, une

vingtaine de pays ont rejoint le projet, mais pas la France. Une note de l'Institut français des relations internationales évoque "de nombreux défis" concernant ce projet. La

chercheuse Héloïse Fayet cite notamment l'interopérabilité des différents systèmes, les coûts associés et l'absence d'acteurs tels que la France ou l'Italie. La réunion

de Bruxelles, suivie du sommet à La Haye, amèneront les pays membres de l'Otan du continent européen, ainsi que le Canada, à poser les bases d'un réarmement, pour réduire la

dépendance aux équipements militaires américains, indique Bloomberg. Helen Chachaty